Va la retrouver, va dans les bois,
Va retrouver celle reléguée dans la maison sans toit, Cours dans les bras de la grande rousse aux longs cheveux épais sous son foulard en coton blanc, Celle à l’échine courbée, traînant ses savates en caoutchouc dans les vergers, la bergerie, les champs, Entends sa grogne rugir de ses larges lèvres et surgir de ses yeux noirs perçants, Celle qui porte, en toutes saisons, un gilet, un pull, un sous-pull, des chaussettes épaisses, Enlace son chalvar fleuri et fin l’été, en velours l’hiver. Va dans les bois, va la retrouver, Va retrouver celle qui danse sa peine avec les djinns et la dame en blanc, Celle qui a perdu toutes ses filles en couche et donné quatre beaux garçons, Qui une fois bien usée, fut remplacée par épouse moins cabossée, Celle qui sert la nouvelle dans la petite maison bleue d’à côté, De celle en terre et sans toit où tous les enfants sont nés, Console-la de toute ta tendresse de petite fille. Cours, cours, va vers la maison sans toit, Cours la retrouver, elle t’attend, Chaque été, sous un soleil de plomb, jusqu’à la nuit tombée, Son nez pointu redressé, le cil relevé, l’oreille aux aguets, Tendue vers le bruit du moteur de la 504 ramenant sa progéniture, Entends, non loin de là, hurler les loups, ses compagnons de fortune, Une fois arrivée, célébrer sa joie de te retrouver.
Mücella
Proposition d'écriture des Plumes de l'Arbre (Myriam), sur le groupe Facebook,
des "Femmes qui courent avec les loups" : une proposition d'écriture mensuelle.
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