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plumesdelarbre

L'or

Dernière mise à jour : 7 août

La contrainte, c'est une lettre en moins. Pas n'importe quelle lettre, une lettre importante ! Saurez-vous trouver laquelle ? ( Ce n'est pas une contrainte d'atelier d'écriture : trop difficile ! Mais un jeu que ma plume avait envie de jouer.)


Sous son panama blanc-gris, Alvaro somnolait dans son hamac. L’avion apparut, un point noir sur l’azur : Tony arrivait à Avilan. Il traîna un sac lourd jusqu’aux godillots d’Alvaro, lâcha un gros crachat brun qui glissa du mur au sol dans un bruit gras, puis il aplatit du talon un cafard nonchalant qui passait par-là. -Salut, mon cossard ! lança-t-il. -Oh, ça va !

Alvaro donna un coup au sac bouffi.

-T’as quoi là ? -T’as pas vu Chacal ? biaisa Tony Il savait Alvaro bavard. Trop. Naïf aussi. Si Chacal cuisinait son ami, il dirait tout…plutôt malsain ! Lui, il aimait son cuir sans trou, or Chacal avait un colt vif, tatillon. -Pas Chacal, non, mais y’a un boa, là, dans ton dos. fit Alvaro. Tony sursauta. Son ami rigolait, montrant six chicots jaunis par un tabac trop costaud. Il disait vrai : un boa glissait, non loin, sur un sol chaud ; contournant trois cactus maigrichons, puis il disparut. L’azur matinal arrosait la pampa d’or clair, brûlant… L’or. Tony voulait l’or. Il y avait dix ans, Radio potin avait fait courir l’information jusqu’à Alvaro qui lui avait dit qu’on trouvait l’or au fond du rio Paraguay. Il y avait dix ans, la vision l’avait mordu là-bas, dans son Canada natal : un pays trop chaud ou trop froid, trop plat, trop haut…il avait soudain vu vingt raisons pour partir du Canada. Sitôt dit, sitôt fait ! Dix ans qu’il habitait au Paraguay. Dix ans qu’il fantasmait sur l’or safran, l’or sonnant qui disparaîtrait aux mains d’Aranpxa, la putain d’Avilan au corps doux, noir, odorant qui lui donnait son plaisir, …l’or lingot qui alourdirait son sac, lui assurant un sort mirobolant ! Dix ans, ça datait ! Mais aujourd’hui, il arrivait d’Asunción. Dans son sac : habits, mini-radio, trois tamis…puis un colis, à part, qui allait lui ouvrir la via dorada.

Myriam G.


Vous n'avez pas trouvé ? C'était la lettre -E. Pas facile de s'en passer !


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