Que savez-vous du voyeur, celui qui espionne la nuit?
Il ne déambule pas sur la route, ses pas ne résonnent pas dans l'air glacial. Il n'a pas de silhouette qui se dessine à peine dans le brouillard Il ne marche pas à pas feutrés sur la pelouse, taisant jusqu'à son odeur pour ne pas éveiller les chiens. Il ne rôde pas derrière la haie comme une ombre qui connaîtrait son but.
Est-ce lui qui fait battre les volets?
Non...?
C'est le vent.
Ce n'est que le vent.
Je sais celui qui espionne ma nuit...
Sous sa peau transparente coule un sang bleu de crépuscule. Il a des yeux et des cernes gris perle, des lèvres si pâles qu'aucune parole ne les a effleurées.
Il rêve de vivre mes rêves,
De s'envoler, goéland, derrière mes paupières closes.
Il voudrait respirer par mes narines humer le sel chaud des peaux enfantines comme on respire l'air tout neuf du large s'en remettre au vertige de la houle sur un grand bateau de draps blancs affronter les monstres cachés au fond des abysses transformer en îles mystérieuses les collines de l'oreiller,
Il voudrait vivre aussi le refuge des bras aimés
Il écoute le va et vient si léger de l'air
Et reçoit mon haleine
L'espion de mes nuits ne me vole rien.
De ses ailes repliées, il frissonne d'une éphémère tiédeur.
Mais son poids plume d'ange
Creuse
Profondément ma poitrine
D'un tel chagrin de solitude
Que j'avais cru
L 'Oublier
Myriam G.
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